Edmond Simeoni choisit la sévérité pour chapitrer la Ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu qui était la semaine dernière à Ajaccio. Dans un article titré « La fin des simagrées », celui qui est considéré comme le père du nationalisme corse, évoque le « déni de démocratie » et comme un autisme de la part de l’Etat français à l’encontre des élus de Corse. En effet, après des années d’un travail collectif, rigoureux et intense et après des dizaines de motions et voeux votés à l’Assemblée de Corse : la gouvernance à Paris semble avoir accouché d’une souris. Malgré les efforts bien réels de Mme Lebranchu et malgré ses convictions socialistes : le résultat est une acceptation bien vague ( et pour 2018 ! ) du principe d'une "collectivité unique" en Corse ( Loi NOTRE Nouvelle organisation territoriale de la République Art. 13). Mais rien, souligne M Simeoni, sur les revendications innovantes que sont le statut non spéculatif de résident ou la réforme fiscale, si attendue par les collectivités locales et les sociaux professionnels). Dans l’île comme ailleurs, l’austérité et un certain mépris pour les enjeux économiques régionaux, se conjuguent aussi pour annoncer une situation catastrophique. Arnaud Montebourg, maintenant entrepreneur avec sa société « Made In France », va jusqu’à prédire un « suicide collectif avec 800000 chômeurs de plus à la fin du quinquenat ! ». Pour la Corse et sa relance économique ( sa survie ) : le Dr Simeoni, rappelle tous les contentieux, constatant une absence de dialogue entre les élus de la Collectivité Territoriale (CTC) et l’Etat français, et ce à l’approche d’un réunion cruciale prévue le 13 avril à Paris. « Cynisme, inconscience ou provocation? » : on assiste donc au naufrage ineluctable d’un système jacobin ultra centralisé et qui semble même incapable de préserver l’esprit du 11 janvier et de la mobilisation Charlie. Les ministres jouent partout en France, les pompiers de service, pour éteindre ici et là, les incendies entretenus par 3 décennies d’aveuglement, de corruption, de détournements de fonds publics. La majorité des élus français n’ayant aucune expérience professionnelle du monde réel de la production. C’est à dire de ce qui assure la prospérité et la paix sociale. Le monde de l’entreprise ( de l’artisanat aux PME) reste majoritairement ignoré et bafoué par les pouvoirs exécutifs et législatifs français. D’où aussi cette incapacité à entendre ce que les Régions ont à expliquer à Paris. S'il n'est pas question de mettre en cause la sincérité et les compétences indéniables de de Mme Lebranchu, il est clair que la crise de régime appelle à un véritable renouveau démocratique. Mais le logiciel institutionnel en place n’est plus capable d’évoluer vers plus d’amplitude économique donnée aux Régions, lesquelles ne sont jamais entendues par les médias dominants. A tel point que les investissements pour les grandes infrastrutures sont bloqués en France, métropole et outre-mer. 

 

Voici l’article du Docteur Edmond SIMEONI 

LA FIN DES SIMAGREES.

Madame Lebranchu, Ministre de la Décentralisation Française, à ne pas confondre précise-t-elle avec l'Autonomie dont elle ne veut même pas prononcer le nom, convoque la CTC le 13 avril 2015 à Paris pour "poursuivre le dialogue". Selon elle, il s'annonce sous de bons auspices. Cynisme, inconscience ou provocation? Le contentieux entre la France et la Corse dure depuis Ponte Nove en 1769 et de façon plus contemporaine, depuis 50 ans. La politique coloniale a eu tout le loisir pour faire de la Corse, comme vous pouvez le constater, une terre de démocratie, de liberté, de prospérité et de paix.  La gauche actuelle prépare lentement le quatrième statut sous les couleurs de " l'enterrement de première classe". Qu'on en juge : Hollande, Ayrault puis Valls, puis Cazeneuve puis Lebranchu sont extrêmement clairs et ânonnent, en permanence et avec conviction depuis des mois : 

 *Non à la résidence  

*Non à la coofficialité de la langue 

*Non à la révision de la Constitution 

*Et plus récemment par Madame Lebranchu, non à l'autonomie. La réforme en Corse relèverait de la décentralisation hexagonale et non pas de la politique. Il faut y penser et surtout avoir le courage de le dire. Que ces différents thèmes aient fait l'objet des différents votes majoritaires de la CTC, a peu d'importance pour l'Etat français, attaché comme chacun sait -et il l'a prouvé en Indochine, en Algérie, en Afrique- au "droit des peuples a disposer d'eux-mêmes". Par contre, dans leur auguste clémence, Hollande et Valls font droit à une revendication de la CTC : l'exigence d'une collectivité unique avec la suppression des deux départements :  

Le calendrier est fixé à 2018 (bien entendu la gauche peut perdre les élections de 2017 et ne serait donc plus tenue d'honorer ses promesses) ; le contenu de cette future institution est inconnu et à débattre avec une multitude d'obstacles impressionnants et de tous ordres (politique, constitutionnel....). Quand on voit, à travers les exemples précis des arrêtés Miot ce qu'il advient des engagements  de la RF il faudrait être aveugle ou masochiste pour la créditer de la moindre confiance.  L'équation est simple : l'Assemblée de Corse a effectué des choix démocratiques pour l'avenir de notre peuple ; ils doivent être débattus et honorés dans un calendrier précis et serré. En aucun cas, il n'est possible pour l'Etat de les écarter, sans dialogue et avec mépris.  Le refus de Paris est clair : les Corses de l'île et de la Diaspora n'ont pas d'autre choix que de se réunir, de débattre, de dégager une plateforme politique commune et de la présenter à F. Hollande avec une exigence de solution et de calendrier pour la "question corse" pendante depuis 50 ans. Il existe une opinion publique, une conscience et des instances internationales habilitées à résoudre ce type de problème. Le peuple corse tient de l'Histoire et du droit la volonté et les moyens de vivre paisiblement dans son propre Pays. Nul, ni la République Française, ni quiconque, n'ont le droit de l'en priver. L'issue démocratique, sans violence, de l'émancipation inéluctable du peuple corse, dans l'Union Européenne, est certaine. L'heure est venue de le dire clairement et de l'exiger avec fermeté. 

 

Docteur Edmond Simeoni