circulez rien à voir blog de la section socialiste des 3 pointes

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la gauche seul rempart au FN

 

Entre le FN et François Hollande, il n’y a plus rien. De même qu’il n’y eut rien pendant longtemps, entre le PCF et De Gaulle. Depuis son altercation avec Marine Le Pen au Parlement européen, constatant que cela suscitait un écho mobilisateur dans le peuple de gauche, le président a replacé le FN au centre de gravité de ses interventions. L’ennemi est désigné et nommé. Avec les mises en garde de rigueur.

Sur RTL, ce lundi, le président de la République a réitéré. "On ne joue pas avec des votes pour envoyer un message parce qu'on est en colère. Chaque citoyen est responsable", a-t-il commencé, avant d’ajouter : "Quand des votes se font, ils ont toujours un impact en France et à l'étranger. Une région dirigée par le Front National aurait des conséquences, y compris dans les décisions que les élus auraient à prendre".

A l’évidence, la mise en garde vaut surtout pour les électeurs de ces deux régions de France, le Nord et la Provence (PACA) convoitées par le tandem Marine Le Pen (au nord) et Marion Maréchal-Le Pen (au sud). Si le FN, grâce au mode de scrutin mêlant proportionnelle et majoritaire, peut créer le choc politique qu’il recherche, c’est là, et nulle part ailleurs.

Et François Hollande de prévenir: si ces deux régions glissaient dans les ténèbres politiques, "que la France puisse se regarder elle-même comme un grand pays" deviendrait mission impossible. "L'attractivité" de ces régions serait brutalement abaissée, et loin de voir l’emploi revenir, c’est l’aggravation de la situation qui en résulterait. Encore plus de chômage. Encore plus de misère sociale.

"Si on ne se bat pas contre les idées de l'extrême droite, si on ne parle pas aux Français, si je ne parle pas aux Français de la réalité, ils pourront m'en faire le reproche. Je dois mener ce combat", a finalement conclu François Hollande, dans la droite ligne de son comportement depuis l’altercation au Parlement européen.

Notons l’originalité de la posture présidentielle, qui entend combattre le Front national, Moloch gavé directement ou indirectement par tous les réactionnaires de tréteaux médiatiques, sur un terrain depuis longtemps déserté par la gauche de gouvernement: la morale républicaine.

Le grand complexe social

Depuis quelques années, à gauche, règne le grand complexe social. Parce que le PS aurait laissé filer le vote ouvrier au FN, cherchant à construire des majorités politique sociétales plutôt que sociales, le militant socialiste n’ose plus émettre en public l’idée que le vote FN, quel qu’en soit la raison ou la justification, est toujours un vote mauvais.

L’idée s’est imposée (et il faut dire que certaines voix réactionnaires de gauche y ont bien aidé) que la gauche a préféré instaurer le Mariage pour tous plutôt que de songer à la réindustrialisation du pays. Pour avoir privilégié les bobos gays de Paris centre plutôt que les ouvriers en proie à "l’insécurité culturelle" dans leurs banlieues périurbaines, la gauche n’était plus légitime à dénoncer le vote FN. Elle était condamnée à se taire, condamnée sur sa droite par Alain Finkielkraut, sur sa gauche par Michel Onfray, sur tous les fronts par Eric Zemmour, le tout incarnant cette monstrueuse hydre protéiforme qui incite à voter sans cesse pour le Front National, 24h sur 24, sept jours sur sept.

C’est cette infernale mécanique que tente aujourd’hui de briser François Hollande, en reprenant le flambeau de la lutte politique contre le Front National, le tout en hésitant pas à rappeler l’évidence : voter FN, c’est voter contre soi.

De son point de vue, le président a raison.

Réveiller les consciences de gauche

Plus l’on se rapprochera de l’échéance présidentielle, plus l’électorat de gauche, qui n’est pas aussi démobilisé que certains commentateurs empressés le disent, sera confronté à une réalité incontournable. A droite, la possibilité d’une alternance politique au pouvoir en 2017 s’incarnera en Nicolas Sarkozy ou Marine Le Pen, soient entre une droite extrême ou une extrême droite. Si cette alternance devait ainsi advenir, sur fond d’esprit de revanche, les premiers à en souffrir seraient les électeurs de gauche eux-mêmes. Politiquement. Socialement. Culturellement.

En rappelant que le FN est l’ontologie de l’inacceptable, et que "Les Républicains" de Nicolas Sarkozy, comme l’a montré l’affaire Morano, sont à la remorque de Marine Le Pen, François Hollande entreprend de réveiller les consciences de gauche. Et comme il part de loin, il est compliqué de lui faire le reproche de s’y prendre tôt.

Les élections régionales à venir devraient aider à réveiller le peuple de gauche. Surtout si Marine Le Pen ou Marion Maréchal-Le Pen remportent les deux régions que certains sondages leur accordent à l’avance. Si un tel résultat devait sortir des urnes de décembre, les Français pourraient alors juger par eux-mêmes de la compétence des élus du Front National durant l’année les séparant de l’entrée en lice dans le dur de la campagne présidentielle 2017. La mise en garde adressée par Hollande, ce lundi sur RTL, au sujet des conséquences économiques et sociales qu’engendrerait l’accession du FN à la tête d’une ou deux régions, aurait alors valeur de prophétie. Faut-il que le FN gouverne une ou deux régions afin que soit établie la preuve de son incapacité à exercer les responsabilités qu’il ambitionne? La question peut déranger, mais elle ne peut être évitée. En tout état de cause, elle est de nature à renvoyer chaque électeur de gauche, le moment venu, à sa responsabilité. Y compris Gérard Filoche. Macron est-il pire que Marine Le Pen ou Nicolas Sarkozy? A la fin, il faudra bien trancher, en conscience.

Le FN, arme de destruction massive

Enfin, faire du FN le centre de gravité du combat politique de la gauche permet à François Hollande de poser, de manière implicite, un axiome qui va peser sur la campagne présidentielle 2017 : face à Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et "Les Républicains" ne sont pas le rempart qu’ils prétendent être. En PACA comme dans le Nord, Christian Estrosi et Xavier Bertrand sont à l’hallali. Des pans entiers de l’électorat populaire "LR" menacent de passer au vote FN, inspirés qu’ils sont par Nadine Morano. Et quand la droite parvient à se maintenir à flots face au FN, c'est en renonçant à son âme gaulliste, comme en atteste la politique sociale rétrograde et passéiste mise en œuvre dans bien des communes et départements de France pris à la gauche depuis 2012.

François Hollande connaît ses droites et ses gauches. Il tente aujourd’hui de se poser en point d’équilibre des passions françaises, rassembleur et fédérateur, anticipant que les autres incarnations potentielles de ce rassemblement (Juppé, Le Maire, Bayrou, etc) seront éliminées par les forces les plus à droite de la droite.

Ce choix est courageux. Car François Hollande prend le risque d’encourir la même accusation dont on accablait déjà François Mitterrand. User du FN comme la meilleure des armes de destruction massive contre la droite. En désignant le FN comme son seul ennemi, il mobilise la majorité des électeurs de la gauche moderne et raisonnable, qui ne voudront pas jouer avec le feu FN, à l’image de Mélenchon et de la CGT. Il se sert de la montée du FN pour casser la droite et éliminer Sarkozy dès le premier tour de la présidentielle et se faire réélire, à l’aise ou presque, face à Marine Le Pen au second tour. On pourrait appeler ça "La stratégie des 25%" qui, obtenus dès le premier tour de 2017, garantiraient une réélection qui parait aujourd’hui impossible.

Oui, François Hollande semble faire du François Mitterrand, c’est-à-dire se donner les moyens d’éviter à un pays qu’il aime une aventure réactionnaire destructrice et désintégratrice, qu’elle soit lepéniste ou sarkozyste. Compte tenu de l’enjeu, où est le problème? 

Depuis quelques années, à gauche, règne le grand complexe social. Parce que le PS aurait laissé filer le vote ouvrier au FN, cherchant à construire des majorités politique sociétales plutôt que sociales, le militant socialiste n’ose plus émettre en public l’idée que le vote FN, quel qu’en soit la raison ou la justification, est toujours un vote mauvais.

 

L’idée s’est imposée (et il faut dire que certaines voix réactionnaires de gauche y ont bien aidé) que la gauche a préféré instaurer le Mariage pour tous plutôt que de songer à la réindustrialisation du pays. Pour avoir privilégié les bobos gays de Paris centre plutôt que les ouvriers en proie à "l’insécurité culturelle" dans leurs banlieues périurbaines, la gauche n’était plus légitime à dénoncer le vote FN. Elle était condamnée à se taire, condamnée sur sa droite par Alain Finkielkraut, sur sa gauche par Michel Onfray, sur tous les fronts par Eric Zemmour, le tout incarnant cette monstrueuse hydre protéiforme qui incite à voter sans cesse pour le Front National, 24h sur 24, sept jours sur sept.

C’est cette infernale mécanique que tente aujourd’hui de briser François Hollande, en reprenant le flambeau de la lutte politique contre le Front National, le tout en hésitant pas à rappeler l’évidence : voter FN, c’est voter contre soi.

De son point de vue, le président a raison.

 



20/10/2015
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